Emile Maurice : un hommage mérité France-Antilles Martinique -19.02.2013
J'ai eu connaissance, par la presse écrite et la télévision, de l'hommage rendu à la mémoire d'Emile Maurice, dans cette ville de Saint-Joseph qu'il a administrée pendant 33 ans, à l'occasion du vingtième anniversaire de son de son décès survenu le 13 janvier 1993.Collègue et ami de ce grand disparu, pendant 30 années comme conseiller général, et 25 années comme maire, ou 15 années comme président de l'Association des maires, j'ai en retenu avec lui, tout au long, des rapports empreints de confiance et de considération dans une réciprocité sans failles. Sous ses 20 années de gestion à la tête du Conseil général de la Martinique, en ma double qualité, soit de responsable de la « Commission des Affaires sociales, éducatives, culturelles et diverses soit comme premier vice-président sous sa dernière mandature de président majoritaire ; j'ai pu apprécier l'esprit d'ouverture et de concession de l'homme. Aussi, avec autant de spontanéité que de pertinence, je m'associe de tout coeur au légitime hommage qui lui a été rendu! ...Emile Maurice laisse le souvenir d'un républicain entier, d'un ardent patriote, au sens élevé du terme, d'un administrateur rectiligne, d'une rigueur intellectuelle et morale avérée. Tribun redouté, cet ancien professeur d'histoire, aux discours aussi bien charpentés que documentés avait l'art consommé de séduire et de convaincre!...Homme d'actions aux convictions chevillées, Emile Maurice fut, jusqu'à son dernier souffle, un défenseur passionné et sans concession de cette inégalable conquête qu'a été, pour les quatre DOM et nos populations, la Départementalisation du 18 mars 1946, à laquelle nous sommes combien redevables!...
Et c'est pour mieux contribuer à cette défense, qu'au début des années 1980, en sa qualité de dirigeant du parti gaulliste d'alors (L'UMP n'étant pas encore née), il organisa, avec l'UDF, dont j'étais responsable, et les « non-inscrits » de l'époque : « L'Union départementaliste » , structure de concertation et d'actions communes. D'autre part avec cette majorité du moment et sous son impulsion, nous fondâmes, aux mêmes fins, le journal « l'Union » , dont l'orgaisation, la direction et la participation me furent confiées par décision consensuelle, sous sa supervision.
« LES MORTS SONT DES INVISIBLES... » En 1981, notre Majorité fut confrontée à rude épreuve ; en effet, le nouveau gouvernement avait voulu traduire en actes, les promesses antérieurement faites et consignées dans le Chapitre VI du « Programme commun » (P. 183) ; d'ailleurs, non annulées à ce jour! ... Et il a fallu la pugnace initiative du Président Maurice, en parfaite unité de vue et d'action avec ses homologues des trois autres DOM, ainsi que le soutien actif du Président du Sénat (Alain Poher) signataire d'un recours commun, pour engager la procédure devant faire abroger par le Conseil consitutionnel, la loi dite « Defferre-Emmanuelli » , qui agressait mortellement notre statut départemental ...
Le sens du devoir du président Maurice, élevé jusqu'à l'abnégation, lui fit revendiquer, en 1983, lors de la première élection de l'Assemblée régionale, de figurer en dernière position comme « locomotive de queue » sur la liste d'Union conduite par Michel Renard. Et la Martinique entière devrait se souvenir de cette soirée agitée de fin de scrutin où, dépouillement achevé, résultats comptabilisés, notre liste fut créditée de 21 sièges contre 20 et où, « nou couché à dwèt é nou lévé à goch' » !...
« Les morts sont des invisibles, ils ne sont pas absents » , soutient notre immortel Victor Hugo ; et l'on peut espérer que le président Maurice restera longtemps présent dans nos mémoires et dans les coeurs de nos concitoyens, ne serait-ce que par les nombreuses et importantes réalisation d'intérêt public dont s'enorgueillit notre Martinique et qui sont étroitement liées à son inspiration et ses initiatives ... ; il n'y a pas place ici pour un inventaire : ce serait trop long... Retenons symboliquement la dernière et non des moindres, qu'il n'a pas eu le temps d'inaugurer : l'Atrium de Fort-de-France, un de nos fleurons départementaux.
C'est lui qui a voulu ce centre culturel départemental, c'est lui qui l'a inspiré et c'est sous sa présidence que le Conseil général, par ses interventions de poids, a pu convaincre l'Etat de prendre une large part dans cette construction, dont le Département contribua d'ailleurs à son financement pour 50% environ, les autres partenaires étant la Région (15%), la Ville de Fort-de-France (10%) et l'Etat (25% + le terrain) ; ajoutons que celui-ci, contribue de façon non négligeable au fonctionnement de l'Atrium par versement d'une subvention annuelle ...
Homme d'une grande culture, Emile Maurice a illustré, par la réalisation de ce « Temple » dédié aux arts et à l'épanouissement de ses utilisateurs, que la Culture n'a ni frontière, ni monopôle, ni Parti politique ; qu'elle n'est pas, comme l'argumentait Anna de Noailles, seulement connaissance, mais surtout « Ouverture, accueil, acceptation de l'autre, en un mo : Tolérance » ...
Et, est-il vain d'espérer qu'un jour, peut être, dans cet Atrium qui lui était cher, un couloir, un hall d'attente ou une porte d'entrée, rappellera, par sa dénomination, le souvenir d'Emile Maurice, son promoteur!A Maryse sa fille et à ses proches, l'expression de notre cordiale amitié! et profonde sympathie, à la population de Saint Joseph.
Jean Maran, ancien député, ancien conseiller général et régional SOURCE : France-Antilles Martinique 19.02.2013
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